Cependant, un drame se joue depuis quelques temps chez les boulangers : la consommation de pain ralentit chaque année en France. La faute à qui ? Aux régimes keto, sans glucides et autres joyeusetés, au lobby des céréales (céréales de type à mettre dans du lait, pas les matières premières), aux changements dans les habitudes de consommation et dans les préférences alimentaires… Grâce à tout cela, les Français mangent en moyenne 120g de pain par jour et par personne, soit trois fois moins que dans les années 50. Et encore, ça dépend des sources, certains disent qu’on serait plutôt à 94g.
ACTION, RÉACTIONS
À cause de ou grâce à ça, les boulangeries sont passées, de manière plus ou moins rapide et plus ou moins évidente, en mode branle-bas de combat.
Il y a celles qui se sont mises à se spécialiser dans un monoproduit ou presque : elles ont fait table rase du passé et ont décidé de se concentrer sur quelques produits, très bien faits, avec des matières premières très bien sourcées, souvent en utilisant des farines anciennes et des savoirs-faires traditionnels assez anciens.
Dans le 20ème, rue de la Réunion, il y a un endroit devant lequel je passe tous les matins, le
Bricheton : une sorte de boulangerie sans boutique, un labo dont la porte ouverte laisse s’échapper une douce odeur de mie moelleuse et de croûte craquante. À heure fixe, les initiés forment une queue et attendent leur dose (Ducasse est d’ailleurs passé leur dire que le pain est bon, preuve photo
ici).
Credit photo : Le Bricheton
Il y en a d’autres, de mini-boulangeries à la déco aussi sobre que l’étal, qui font les choses simplement et communiquent peu, mais arrivent à se faire repérer par les fines bouches. Ces boulangeries vont-elles aller jusqu’à retourner à des traditions de temps révolus ? J’entends ce temps où les mères de famille de l’Est de la France allaient déposer chez le boulanger, en se rendant aux champs, le baeckeoffe qu’elles avaient confectionné le matin à l’aube (après avoir fait mariner le tout dans du vin blanc pendant un nombre d’heures particulier à chaque famille), puis le récupéraient, cuit, au revenir du labour, pour n’avoir qu’à servir en arrivant à la maison. C’est ainsi que ça se passait quand ma grand-mère était toute petite, j’apprends en rédigeant cet article que c’était aussi pendant les offices religieux que les maîtresses de maison menaient leur plat à cuire.
Il n’empêche que ça rappelle ces restaurants qui ont éclos dans les 5 dernières années, qui ont des cartes très réduites, des décos très simples, et appâtent par la qualité de ce qu’ils proposent plutôt que par les multiples choix de leur carte.